La valorisation et la protection du site

À la fin des années 90, certaines associations demandent à la ministre de l'environnement de Lionel Jospin, Dominique Voynet, de les aider à protéger les murs. Le dossier aboutit sous le gouvernement suivant avec le classement, en 2003, de 8,5 hectares au titre des sites et des paysages, en raison de leur caractère pittoresque (c'est-à-dire digne d'être peint) et historique.
Pourtant, faute d'action des pouvoirs publics locaux de l'époque, la dégradation se poursuit, avec un risque majeur, souligné par certaines associations : si le paysage, non entretenu, se dégrade "spontanément", le classement lui-même deviendrait caduc.

Aujourd’hui l’héritage horticole de Montreuil est essentiellement visible dans le quartier Saint-Antoine, dit des "murs à pêches". Sur une quarantaine d’hectares, une agriculture urbaine s’est maintenue de façon active jusque dans les années 1970, pour ensuite décroître sous la pression de la ville, et particulièrement après la coupure du secteur en deux par l’autoroute A 186 (dont la destruction a commencé à l'été 2019 pour laisser place au futur tracé du tramway T1.)

Ce secteur a malgré tout résisté à l’urbanisme débridé sur une trentaine d’hectares qui étaient classés en zone d’urbanisation future dans le plan d’occupation des sols jusqu’à 2010. 

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périmètre du site classé - cliquer pour agrandir

Ce classement reconnaît trois intérêts majeurs liés au site :

  • un patrimoine anthropologique,
  • des techniques de construction originales,
  • un paysage particulier.

Cette mesure de protection interdit toute destruction des murs sans autorisation ministérielle et toute construction étrangère à leur vocation première. Toute modification de l’aspect du site requiert un avis de l’État.

Cependant, les mesures conséquentes n’ayant pas été prises suite à ce classement, les murs ont continué de se dégrader. Des activités associatives soutenues par la Ville ont toutefois permis de mettre en valeur certaines parcelles et de mieux faire connaître le site. Certaines de ces associations, comme MAP, la SRHM ou les Jardins du cœur, ont aussi contribué à la restauration des murs. 

De nombreuses associations montreuilloises mettent en valeur le site des murs à pêches ou font connaître le patrimoine horticole. 


La révision du Plan Local d'Urbanisme de la Ville de Montreuil en 2018 a permis d'introduire le projet pour les Murs à Pêches dans un document public et officiel.

Une Orientation d'Aménagement et de Programmation (OAP) permet d'inscrire dans le document d'urbanisme le projet souhaité par la Ville pour les Murs à Pêches, avec ses 5 axes (agriculture urbaine, biodiversité, patrimoine, culture, gens du voyage).


cliquer pour accéder au document

► La protection et la préservation de l'ensemble du site sont renforcées par la mise en place d'une zone agricole recouvrant la presque totalité du site des Murs à Pêches (28 ha). Le choix d'une zone agricole, et non d'une zone naturelle apparaît somme toute logique par rapport à l'histoire du site, haut lieu de l'horticulture, et à l'ambition d'y développer une nouvelle agriculture dite urbaine, respectant la nature. Cela permet par ailleurs d'y prévoir un minimum de construction pour accompagner le développement des microfermes ou jardins.

Cette zone agricole est ainsi assortie d'un règlement faiblement constructif :

  • Une emprise au sol maximale de 10 %, voire de 5 % dans le périmètre du site classé (qui est repris dans le sous-zonage Asc) ;
  • Une hauteur autorisée ne devant pas dépasser les 3 m ou le mur à pêche le plus proche.
  • Par ailleurs, seules sont autorisées des constructions en rapport avec l'exploitation agricole.

Le relogement des gens du voyage est prévu par l'introduction de Secteurs de Taille Et de CApacitées Limitées (STECAL), dénommés A3, pour 1,9 ha.

La faible constructibilité de la zone agricole est renforcée par un Espace Paysager Protégé d'environ 4 ha, qui empêche toute construction et accompagne le développement des Sentiers de la Biodiversité. Il protège par exemple le site dit de la Prairie, rue Pierre de Montreuil.

L'ensemble des murs à pêches du site est protégé par le PLU en raison de leur caractère patrimonial.

Ce nouveau dispositif permet de stopper le grignotage du site, et, par le développement des microfermes, de lui redonner du sens et ainsi de réellement engager sa préservation.

La Ville travaille actuellement à la mise en place d'une Protection des Espaces Naturels Agricoles et Périurbains (appelé auparavant PAEN) sur l'ensemble du site, afin de le protéger dans sa totalité de manière définitive.

Cela nécessite la mise en place d'un partenariat avec

la Métropole du Grand Paris
le Département de la Seine-Saint-Denis